La situation est peut-être encore plus grave que ce que l’on pensait :
Alors que la liste rouge européenne de l’UICN montre que 37 % des espèces d’abeilles (1) et 31 % des espèces de papillons de jour (2) sont en déclin…
… que la plupart de ces insectes indispensables sont endémiques à l’Europe, c’est-à-dire que s’ils venaient à disparaître sur notre continent, ils disparaîtraient définitivement de la surface du globe… (3)
… des analyses menées en Allemagne suggèrent que ce déclin a également lieu dans les régions protégées, comme les parcs nationaux et régionaux (4) conçus spécialement comme des refuges pour la biodiversité menacée principalement par l’intensification de l’agriculture industrielle !
En d’autres termes : le bien mince filet de sécurité que nos civilisations ont mis en place, pour garantir un réservoir de biodiversité préservée au cas où elle serait massacrée par l’emballement de nos modes de vies, est peut-être déjà caduque…
… et rien ne pourra plus rattraper l’extinction des pollinisateurs, et l’effondrement en cascade des chaînes alimentaires qui en découlera !
Déjà, la diversité des plantes à fleurs est en rapide déclin faute de pollinisation sur plus de 80 % des sites étudiés au Royaume-Uni et aux Pays-Bas (5) ; et au niveau international, une plante sur cinq est désormais menacée d’extinction (6).
Dans certains endroits du monde, les scientifiques mesurent déjà les conséquences de la perte de pollinisation sur l’appauvrissement des agriculteurs et de leurs familles (7)…
… et tirent la sonnette d’alarme sur les carences alimentaires et les décès qui surviendraient partout sur Terre, y compris dans les pays les plus aisés, en cas de disparition de ces précieux butineurs (8), responsables de la reproduction de plus de 80 % des fruits, légumes et plantes aromatiques dont nous avons besoin pour nous nourrir convenablement (9).
Beaucoup de personnes, y compris parmi nos responsables politiques, pensent que ce déclin est, sinon réversible, du moins rattrapable.
Qu’on peut se permettre de ré-autoriser des pesticides notoirement toxiques pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages, comme la France l’a fait avec les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, ou autoriser la commercialisation de pesticides qui ont un effet notoire sur les pollinisateurs, mais ne les éradiquent pas totalement – en pensant que leurs populations arriveront malgré tout à se reconstituer naturellement…
… justement parce que les petites réserves naturelles qui ont été mises en place dans certaines régions préservées permettront de repeupler en quelques années l’intégralité du territoire et remplacer les pollinisateurs sacrifiés pour préserver les bénéfices des géants agrochimiques…
Les chiffres qui nous viennent d’Allemagne tendent à montrer qu’il n’en est rien : il est possible, au contraire, que les insectes décimés le soient à tout jamais !
Si ces révélations sont confirmées en France, elles pourraient définitivement mettre un terme aux petits arrangements des lobbys de l’agro-industrie avec les autorités…
… et accélérer enfin l’indispensable transition vers un système agricole respectueux des écosystèmes et de la biodiversité dont il dépend !
Face à la preuve irréfutable d’un effondrement imminent – et irréversible – de notre système de production alimentaire, quels dirigeants oseraient encore prétendre qu’il est plus important de défendre un intérêt économique particulier et court-termiste ?!
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